Juin2017 auteur : danielvidal9@hotmail.com

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La confiance en soi permet non seulement d’agir, mais aussi de moduler sa présence et ses actions dans un positionnement social cohérent et adapté.

Nous avons fondamentalement confiance en nous sans quoi nous n’agirions pas, car la moindre action requiert un minimum de confiance en soi, mais dans le sens commun que l’on lui donne, on la mythifie pour la considérer vraiment que dans les cas ou l’on est sûr de soi. La confiance en soi que nous développons en fonction de nos capacités est toujours relative et circonstancielle, en n’étant jamais absolue et définitive. La confiance en soi ordinaire qui est le moteur de nos actions et de nos entreprises est régulée par le doute qui nous permet de faire des corrections et d’adapter nos stratégies en fonction du contexte écologique.


Le manque de confiance en soi est récurrent et contradictoire chez les personnes cérébrolésées ce qui les amène souvent à développer des stratégies d’échecs.

Le doute est omniprésent dans l’esprit d’une personne cérébrolésée. Le manque de confiance en soi qui pourra en résulter pourra plus ou moins alterner avec une confiance en soi excessive et inadaptée et c’est un des principaux obstacles qui se dressent pour le retour à une vie sociale la meilleure possible.

Quand nous sommes assaillis par le doute, que faisons-nous sinon d’essayer de nous calmer, de reprendre nos esprits et d’apporter les corrections nécessaires et adaptées, mais que ferions-nous si nous ne parvenions pas à trouver les moyens indispensanles pour gérer la situation dans le calme et la cohérence, eh bien ! Nous prendrions des dispositions arbitraires et tronquées en informations. Les conséquences seraient relatives à l’importance de la situation d’où a jailli le doute, mais pour les personnes cérébrolésées avec un doute quasi permanent, l’arbitraire peut plus ou moins devenir la règle.


Le manque de confiance en soi des personnes cérébrolésées qui freine ses initiatives n’est pas de la procrastination.

Il peut arriver chez des personnes lambdas que le manque de confiance en soi conduise à la procrastination, ce qui n’est pas le cas des personnes cérébrolésées, car lorsqu’elles sont en difficulté d’exécution liée à la confiance en soi, elles n’ont pas pour stratégie de reporter par lassitude, mais plutôt de s’entêter dans une stratégie plus ou moins inadaptée ou de carrément abandonner


D’après la Psychologue clinicienne et psychothérapeute Isabelle Filliozat, quatre étapes sont indispensables au développement de la confiance en soi.

 Elle s’acquiert grâce à une sécurité intérieure, une affirmation des besoins, une acquisition des compétences et une reconnaissance par les autres. Le travail de confiance en soi est un travail d’introspection. Un individu qui se connaît, et qui sait s’accepter aura une confiance en lui plus accrue qu’une personne qui passe son temps à se remettre en question.

Il est évident, en fonction des déficiences cognitives qui perturbent l’organisation mentale que la confiance en soi sera plus ou moins profondément affectée par les troubles ressentis par la personne cérébrolésée.


La perte de confiance en soi des personnes cérébrolésées peut entrainer un sentiment plus ou moins profond de dévalorisation voire d’infériorité.

 La personne cérébrolésée se fait souvent tout un monde de rien ce qui ne contribue pas à développer la meilleure stratégie issue de la confiance en soi, mais par contre participera au sentiment d’infériorité qui l’assaillira.

La perte de confiance en soi et le sentiment d’infériorité pourront plus ou moins entrainer la panne sèche de l’initiative ou provoqueront des initiatives inadaptées.

La confiance en soi permet de se positionner socialement, mais les personnes cérébrolésées se trouveront plus ou moins fréquemment dans des positions alternatives et contradictoires avec comme on dit de manière  grivoise «  le cul entre deux chaises » qui les perturberont et les distrairont quand il s’agira de faire des choix pragmatiques.



Je vais illustrer les difficultés éprouvées par les personnes cérébrolésées pour maîtriser « la confiance en soi » à partir d’exemples en vidéo.

Les vidéos qui vont suivre concernent des discussions à bâtons rompus avec cinq personnes différentes qui subissent les conséquences de lésions cérébrales acquises.


les vidéos 1 et 2 concernent un homme que nous appellerons Martial pour conserver son anonymat. Il a eu un accident de la circulation en 2001 alors qu’il avait 23 ans.


L’accident s’est produit sur l’autoroute de nuit quand un semi-remorque a franchi le terreplein central et est venu lui couper la route, son taux IPP a été estimé à 40% lors de l’expertise de consolidation avec des troubles cognitifs évalués dans un bilan neuropsychologique.
Il a donc actuellement 39 ans en 2017 et vit seul dans un appartement avec pour ressource sa pension de militaire.

Sa vie sociale est chaotique ou il alterne les formations avec de la recherche d’emploi sans vraiment trouver ce qui lui conviendrait.

Il s’est écoulé 16 ans depuis l’accident.

Sur la vidéo 1  Martial dit qu’il éprouve des difficultés pour exécuter des consignes quand on n’a pas assez insisté pour les lui expliquer et il dit aussi qu’il faut lui répéter les consignes au moins 3 fois, ce qui traduit bien un manque de confiance en soi.

Sur la vidéo 2 Martial est dépassé par les évènements et se sent embrouillé quand il y a trop de choses à gérer et à faire. Il a donc des difficultés à concevoir une stratégie adaptée également par manque de confiance en lui.

 


Les vidéos 3 et 4 concernent un monsieur que nous appellerons Paul pour conserver son anonymat. Il est âgé aujourd’hui de 45 ans. En 1999, à l’âge de 27ans il a été victime d’un accident de la voie publique, car son véhicule a été percuté par un camion. Il avait un indice de Glasgow de 6/15  à son arrivée à l’hôpital. Il a fait un long séjour en soins intensifs qui a été suivi par une rééducation d’une année.

Il a tenté en 2001 de reprendre le travail n’ayant pas conscience qu’il en serait incapable.

C’est un premier paradoxe qui l’a conduit à s’arrêter plusieurs fois puis à abandonner l’idée de retravailler.

Il vit actuellement en couple, ne travaille pas et c’est son épouse qui lui apporte l’aide humaine qui lui est indispensable.

Il s’est écoulé 18 ans depuis l’accident.

Sur la vidéo 3 Paul qui s’exprime lentement et éprouve des difficultés à mettre de l’ordre dans ses idées, nous dit qu’il essaye d’être sûr d’être bien compris par ses interlocuteurs ce qui traduit bien un manque de confiance en soi, car il doute de ses capacités à s’exprimer pour être bien compris.

Sur la vidéo 4 Paul, indique qu’il est en retrait en société pour s’exprimer et souvent silencieux quand il ne connait assez les interlocuteurs. Il y a là encore un manque de confiance en soi lié aux troubles cognitifs.


La vidéo 5 concerne un monsieur que nous appellerons Mounir pour conserver son anonymat.

Il a été victime d’un grave accident de la circulation en 1991 à l’âge de 21 ans qui a entraîné un traumatisme crânien suivi d’un long coma puis de plusieurs mois de rééducation. Il est âgé en 2017 de 47 ans  et vit seul dans un appartement.

Après un parcours d’errance et un passage en CHRS, il travaille actuellement comme hors d’œuvrier dans un atelier protégé.

Il s’est écoulé 26 ans depuis l’accident.

Sur la vidéo 5 Mounir exprime les problèmes liés à l’organisation de son travail en atelier protégé. Il aimerait pouvoir le faire à son rythme, mais la pression qu’exerce l’encadrement le met en souffrance. Il manque d’assurance et de confiance en lui pour expliquer cette situation à ceux qui le commandent.

 


Les vidéos 6 et 7 concernent un monsieur que nous appellerons Claude pour conserver son anonymat. Il est âgé aujourd’hui de 31 ans, son AVP date de 2011 ou il a perdu le contrôle de son véhicule et est allé s’encastrer dans camping-car qui arrivait en sens inverse.

Il avait un indice de Glasgow de 6/15 lors de son arrivée aux urgences de l’hôpital. Après un séjour en réanimation, il a rejoint une clinique de rééducation pendant 8 mois. La MDPH a estimé son incapacité à 80 % avec une orientation SAMSAH et lui a accordé le versement de l’A.A.H. Il vit actuellement seul dans un appartement. Il ne retravaille pas et a échoué dans la reprise de ses études.

Il s’est écoulé 6 ans depuis l’accident.

Sur la vidéo 6 Claude exprime clairement et sans ambigüité avoir perdu la confiance en lui.

Sur la vidéo 7 Claude ne se reconnait plus, il dit regarder dans le miroir pour essayer de savoir qui il est. Il dit ne pas avoir confiance dans son visage, dans son physique. Les paroles de Claude sont terribles, car le manque de confiance semble atteindre le plus profond de son être.

 


Les vidéos 8 et 9 concernent un monsieur que nous appellerons Loic pour conserver son anonymat. Il est actuellement en 2017, âgé de 39 ans, et son accident s’est produit en percutant un rocher en plongeant, il était alors âgé de 6 ans et à la suite d’un coma et d’une hospitalisation, il a repris une scolarité chaotique et une entrée dans la vie professionnelle marquée par l’instabilité.

Il occupe actuellement un emploi de veilleur de nuit, il vit seul dans son appartement, mais ses parents qui n’habitent pas très loin l’assistent et l’aident pour résoudre ses difficultés. Il bénéficie d’une RQTH.

Il s’est écoulé 33 ans depuis l’accident.

Sur la vidéo 8 le manque de confiance en lui de Loic est patent quand il dit qu’il n’arrive pas à expliquer les choses qui le dérangent et quand il dit que les gens l’utilisent. Il n’arrive pas à concevoir et développer une stratégie qui lui permettrait de s’affranchir de la pression qu’exercent les autres pour obtenir de lui ce qu’ils veulent.

Sur la vidéo 9 il est certain que  Loic a besoin de l’aide de ses parents ou d’autres personnes pour des taches importantes, car il a tellement peu confiance en lui qu’il se sent incapable au débotté de développer une stratégie adaptée à la situation ou au problème à résoudre.

 


 

 

 


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